Le complexe du castor

Affiche du film "Le complexe du castor"

Affiche du film "Le complexe du castor"

Je ne suis d’habitude pas spécialement fan des films présentés à Cannes (j’ai souvent été déçu…) mais je voulais voir « Le complexe du castor », après avoir vu la bande-annonce (d’un ton plutôt comique mais laissant présager que le film n’est pas une comédie), et Mel Gibson donnant la réplique à une marionnette de castor.

Grâce à son castor en marionnette, Walter (Mel Gibson) reprend goût à la vie aux côtés de sa femme Meredith (Jodie Foster)

Grâce à son castor en marionnette, Walter (Mel Gibson) reprend goût à la vie aux côtés de sa femme Meredith (Jodie Foster)

Walter Black, marié et père de deux garçons, patron de l’entreprise de jouets familiale à la suite de ses aïeuls, vit depuis deux ans au ralenti. Plus jamais souriant ni bavard, sourd aux implorations de sa famille et notamment de sa femme, qui aimerait retrouver son mari d’avant, celui avec lequel elle était heureuse, Walter traîne un mal-être, une déprime qui grossit de jour en jour, et semble complètement à côté de la plaque : un être mort, parti, mais dont le corps est resté. Ses enfants, notamment son aîné Porter, et sa femme Meredith supportent de moins en moins cette situation, et cette dernière décide, pour le bien-être de toute la famille, d’envoyer son mari vivre ailleurs. Un soir, en voulant ranger ses achats fortement alcoolisés dans son coffre, Walter doit faire de la place et jette quelques unes de ses affaires. Mais dans la poubelle, un objet particulier attire son attention, au point qu’il retourne le récupérer pour l’emmener avec lui : il s’agit d’une marionnette de castor, en peluche. Quelques heures et grammes d’alcool dans le sang plus tard, Walter tente d’en finir, avec la marionnette enfilée sur le bras gauche : d’abord en se pendant dans sa salle de bains (mais la tringle du rideau de douche cède avant lui) puis en tentant de se jeter dans le vide du haut de son balcon. Mais comme tout ce qu’il entreprend depuis des mois (c’est à dire pas grand chose…) il se rate. Lorsqu’il reprend conscience, Walter a un déclic : il s’encourage lui-même à se relever (dans tous les sens du terme) mais le fait à travers le castor en peluche, en animant sa marionnette et en lui donnant une voix et un accent particuliers. A partir de ce moment, Walter reprend goût à la vie, mais ne peut plus s’exprimer qu’à travers son castor, que ce soit devant sa famille ou devant ses employés. En peu de temps, il parvient à fasciner son jeune fils Henry, à reconquérir sa femme, à relancer miraculeusement son entreprise, mais exaspère de plus en plus son aîné, adolescent aussi doué pour l’écriture que discret et effacé dans la vie, qui gagne de l’argent en vendant ses talents d’écrivain à ses camarades de classe, et se sent enfin pousser des ailes lorsque la jolie Norah le paie pour rédiger un discours… Walter va-t-il parvenir à retrouver sa vie d’avant, et à se passer de ce castor qui devient de plus en plus envahissant ? Meredith va-t-elle supporter encore longtemps l’omniprésence de la marionnette, jusque dans les moments les plus intimes ? Porter va-t-il parvenir à se trouver, à se différencier de son père, et à se rapprocher de Norah ?

A travers son castor, Walter (Mel Gibson) fascine enfin son jeune fils (Riley Thomas Stewart)

A travers son castor, Walter (Mel Gibson) fascine enfin son jeune fils (Riley Thomas Stewart)

Pour sa troisième réalisation, Jodie Foster est à la fois derrière et devant la caméra puisqu’elle interprète le rôle de la femme de Walter. Tout en sobriété, et en efficacité, Jodie n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour faire passer de l’émotion à l’écran. Mais sa performance d’actrice passerait presque inaperçue à côté de l’immense prestation de Mel Gibson. L’acteur parvient à donner à son personnage ce côté lent, dépressif, perdu, puis à lui redonner goût à la vie, tout en donnant vie à la marionnette du castor, nous révélant ainsi des talents indéniables de ventriloque et d’animateur marionnettiste. Si l’idée prête à sourire, et si certaines situations font rire, on n’est jamais choqués par ce personnage à deux facettes : l’humain Walter, et son double le castor, qui lui permet d’extérioriser tous ses sentiments, toutes ses envies, jusqu’alors complètements refoulés ou enfouis profondément. Une grande performance d’acteur donc, à laquelle il faut ajouter les belles prestations des jeunes seconds rôles que sont Anton Yelchin (le fils aîné), Jennifer Lawrence (Norah) et Riley Thomas Stewart (le jeune Henry). Le film comporte certes quelques longueurs notamment dans sa première partie, mais son originalité, ses situations cocasses sur une trame dramatique, et l’interprétation de ses principaux personnages en fond un film émouvant, réussi, un agréable moment de cinéma. Mais j’ai bien conscience que tout le monde ne partagera pas mon avis… A voir de préférence en VO.

Ma note : 4/5

C'est Norah (Jennifer Lawrence) qui semble sortir Porter (Anton Yelchin) de la torpeur vers laquelle il semble se destiner

C'est Norah (Jennifer Lawrence) qui semble sortir Porter (Anton Yelchin) de la torpeur vers laquelle il semble se destiner

Photos film : www.allocine.fr (Fiche du film ici)

5 réflexions au sujet de « Le complexe du castor »

  1. D’accord avec toi sur le fait qu’il faut voir le film en VO (toujours voir les films en VO ^^).
    J’ai hâte de le voir même si je ne suis pas une fan de Mel Gibson… Enfin ta critique est très bonne et ça donne vraiment envie de le voir!

    Je te donne mon avis dès que je le vois 😉

  2. Tout à fait d’accord.
    Un joli film, tout en finesse, sur les déboires de la dépression, l’ouverture aux autres et la responsabilité que représente une famille. Mel Gibson est assez saisissant.
    C’est vrai que la mise en scène de Jodie Foster est très « sobre », trop je trouve. On sent que la réalisatrice est encore timide. Mais j’aime beaucoup l’humilité de cette grande dame, qui sait s’effacer au profit de l’histoire et de ses acteurs en lesquelles elle croit. On est par exemple loin d’une glorification agaçante à la Ben Affleck dans ‘The Town’.

    • Tout à fait d’accord Jérémy ! C’est vrai que Jodie Foster fait preuve d’une grande humilité, mais en même temps ce n’est pas surprenant. C’est vraiment quelqu’un de bien, je me souviens avoir vu à la télé de ses interviews ou interventions (aux Césars notamment) et avoir été épaté par sa gentillesse, sa sincérité… Vivement son prochain film !

  3. J’ai adoré!
    L’histoire est très originale et c’est très bien filmé! Jodie Foster est une bonne actrice, une personne extraordinaire et une très bonne réalisatrice! Je comprends dans ce cas que le film ait reçu une standing ovation à la fin de sa projection à Cannes.
    Et que dire de Mel Gibson? ^^ Je n’étais pas une grande fan mais là j’ai été époustouflée! Le jeu avec le castor est vraiment bon et avec la caméra on a vraiment l’impression que la marionnette est vivante!

    Le fait que la mise en scène soit sobre comme dit Jérémy rend le film plus réaliste et humain je trouve. J’ai adoré!

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